Préserver la diversité architecturale dans le paysage urbain tout en réduisant la consommation d’énergie et de ressources, les déchets et les coûts ? C’est non seulement souhaitable, mais aussi réalisable. Surtout dans un contexte urbain, où la reconversion du bâti s’avère souvent bien plus efficace que la démolition-reconstruction. L’opération n’en reste pas moins complexe, car repenser l’existant nécessite des solutions innovantes et une réflexion poussée – ne serait-ce que pour respecter les nombreuses contraintes auxquelles il est généralement soumis. Notamment en ce qui concerne les fenêtres.
Il était une fois une auberge, située en plein centre de Graz, ancienne perle de l’empire des Habsbourg. Aujourd’hui, le « Wilder Mann » existe toujours, mais l’immeuble d’apparence moderne accueille aujourd’hui des appartements et des bureaux. La partie la plus ancienne du bâtiment, dont la géométrie irrégulière suit typiquement le tracé de la rue, remonte à 1850. Au fil des années, la structure s’est progressivement agrandie en direction de la cour avec de nouvelles constructions qui sont venues se greffer à droite et à gauche, de sorte que l’édifice de quatre étages a fini par ressembler à un conglomérat anarchique d’extensions et de superstructures de hauteurs variables. Après la fermeture de l’hôtel dans les années 1980, la structure accueillit temporairement l’école de musique, puis l’Opéra de Graz qui y installa une petite scène de théâtre, profitant des deux grandes salles de quatre et six mètres de hauteur. De l’extérieur, la façade plutôt discrète ne laisse rien deviner de ce qui se trouve à l’intérieur. Quelle ne fut donc pas la surprise de l’architecte Mark Jenewein lorsqu’il découvrit, à l’occasion de sa première visite, des pièces exceptionnellement hautes de plafond.
Alors que le groupe d’investisseurs prévoyait de démanteler l’ensemble de l’immeuble pour en faire des logements, le bureau d’architecture LOVE architecture de Graz a plaidé pour le maintien des volumes d’origine. D’autant plus que, contrairement à ce qui peut exister dans les grandes villes industrielles, de telles surfaces sont plutôt rares à Graz. Jenewein : « Nous avons proposé de construire un grand attique et de conserver en l’état toutes les parties historiques dignes d’être conservées. Les investisseurs ont accepté notre proposition et le projet a pu ainsi voir le jour. » Le bâtiment aujourd’hui rénové, transformé et surélevé est réparti en quatre espaces : quatre emplacements pour des commerces et des bureaux dans les anciennes salles donnant sur la rue, trente-cinq petits logements sociaux dans le reste du bâtiment préexistant, huit appartements de luxe en attique, et quatre autres appartements de dimensions moyennes à l’étage juste en-dessous. L’étage en attique représente à lui seul 2 500 m², soit un peu moins de la moitié de la surface totale (3 900 m²). Jenewein : « Le résultat est un immeuble éclectique en plein coeur de la ville. Éclectique du point de vue de son utilisation autant que de ses habitants, car les gens qui y travaillent et qui y habitent sont très différents. Et c’est ce que doit être un immeuble de centre-ville : non pas un ensemble uniforme, mais plutôt un mélange vivant. »
La toiture de la structure en attique, qui comprend deux étages côté rue, et un étage côté cour, a fait l’objet d’une réflexion particulière. Les architectes l’ont en effet conçue de manière à ce qu’elle s’intègre discrètement dans le paysage des toits de Graz, tout en affirmant sa personnalité. Car il ne faut pas oublier que le château d’Eggenberg et la vieille ville, avec ses célèbres toits de tuiles rouges et ses pignons à gradins, sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Selon l’endroit d’où on l’observe, le toit de l’ancien « Wilder Mann » ressemble à une formation rocheuse rappelant la forme des pignons à gradins, ou à une peau organique venue recouvrir le dernier étage de l’ancien bâtiment. Dans tous les cas, l’oeil est particulièrement attiré par les grandes surfaces vitrées où se reflète le ciel. Mark Jenewein nous explique dans une interview comment et pourquoi les fenêtres Finstral ont été choisies, notamment pour la partie neuve du bâtiment.
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